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Haute-Savoie : « trackés » via nos téléphones ? Le sénateur Loïc Hervé met en garde

Alors que le gouvernement réfléchit actuellement à l’utilisation de nos téléphones mobiles pour le déconfinement, le sénateur de Haute-Savoie Loïc Hervé, également membre de la CNIL, met en garde contre une utilisation abusive des données personnelles.

Journaliste
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La question du confinement occupe largement le gouvernement actuellement. Les questions sont nombreuses sur les modalités de sa mise en œuvre. Il est notamment évoqué de l’effectuer selon des tranches d’âges ou par secteur géographique. Toujours est-il que l’outil numérique, et notamment les données portant sur la géolocalisation, pourraient être fort utiles pour mieux contrôler les mouvements de population. « Le premier ministre n’a pas évacué l’idée qu’on puisse utiliser les téléphones cellulaires dans le cadre du déconfinement. Il l’a évoqué en audition devant l’Assemblée Nationale », indique Loïc Hervé. Membre de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) depuis cinq ans, mais aussi du Comité de suivi de la crise au Sénat, il reste très vigilant sur le sujet. Il doit notamment rédiger un rapport sur la question des données personnelles.

À chacun son seuil de tolérance

Reste à savoir dans quelle proportion ces mesures pourraient porter aux droits fondamentaux.

L’emploi des données anonymisées est déjà de rigueur. C’est par ce procédé, qu’à la suite d’une collaboration entre l’opérateur Orange et le Ministère de l’Intérieur, nous avons su que 15 % des Franciliens avaient quitté leur région pour le déconfinement. Bien plus intrusif, comment étant une atteinte flagrante aux libertés publiques, la Corée a mis en place un système qui permet à tous de localiser les porteurs du coronavirus. Il ne sera jamais question d’en arriver à de telles extrémités en France même si la ligne de tolérance peut varier beaucoup d’un élu à l’autre. Selon Loïc Hervé, une mesure trop autoritaire serait difficilement acceptée par la population.

Le numérique peut servir

« Moi je milite pour qu’on ait une information claire et précise sur l’intérêt de ce type d’applications », poursuit Loïc Hervé, admettant que « dans le cadre du déconfinement, le numérique peut servir ».

Le recours aux nouvelles technologies peut tout à fait se traduire par la diffusion de techniques de prévention via les téléphones cellulaires ou pourquoi pas la réception en temps réel de messages du gouvernement. Un vecteur de pédagogie largement acceptable, loin de la surveillance institutionnalisée.

« Ne pas renoncer à nos grands principes démocratiques »

En attendant, Loïc Hervé prévient  : « il ne faut pas renoncer à nos grands principes démocratiques. Ce n’est pas parce qu’on est atteint par une épidémie qu’on peut tout remettre en cause. On a déjà atteint la liberté électorale en suspendant nos élections. Ce n’est pas anodin et ce n’est pas drôle ».

Et de conclure : « dans tous les cas, je souhaite que le dispositif mis en œuvre soit conforme au règlement général de protection des données personnelles ». Un garde-fou fort utile en temps de crise…

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