A l’occasion du 80ème anniversaire de la...

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25 août 2024

A l’occasion du 80ème anniversaire de la Libération du Palais du Luxembourg célébrée le 25 août 2024, Gérard LARCHER, Président du Sénat m’a confié la lecture d’un magnifique texte d’Albert Camus, éditorial paru dans Combat en date du 25 août 1944 :

« Le Sang de la liberté »
Éditorial d’Albert Camus,
du journal Combat du 24 août 1944

Paris fait feu de toutes ses balles dans la nuit d’août. Dans cet immense décor de pierres et d’eaux, tout autour de ce fleuve aux flots lourds d’histoire, les barricades de la liberté, une fois
de plus, se sont dressées. Une fois de plus, la justice doit s’acheter avec le sang des hommes.
Nous connaissons trop ce combat, nous y sommes trop mêlés par la chair et le cœur pour accepter, sans amertume, cette terrible condition. Mais nous connaissons trop aussi son enjeu et sa vérité pour refuser le difficile destin qu’il faut bien que nous soyons seuls à porter.
Le temps témoignera que les hommes de France ne voulaient pas tuer, et qu’ils sont entrés les mains pures dans une guerre qu’ils n’avaient pas choisie. Faut-il donc que leurs raisons aient été immenses pour qu’ils abattent soudain leurs poings sur les fusils et tirent sans arrêt, dans la nuit, sur ces soldats qui ont cru pendant deux ans que la guerre était facile.
Oui, leurs raisons sont immenses. Elles ont la dimension de l’espoir et la profondeur de la révolte. Elles sont les raisons de l’avenir pour un pays qu’on a voulu maintenir pendant si longtemps dans la rumination morose de son passé. Paris se bat aujourd’hui pour que la France puisse parler demain.
Quelques-uns vont disant que ce n’est pas la peine et qu’avec de la patience Paris sera délivré à peu de frais. Mais c’est qu’ils sentent confusément combien de choses sont menacées par cette insurrection, qui resteraient debout si tout se passait autrement.
Il faut, au contraire, que cela devienne bien clair : personne ne peut penser qu’une liberté, conquise dans ces convulsions, aura le visage tranquille et domestique que certains se plaisent à lui rêver. Ce terrible enfantement est celui d’une révolution.
On ne peut pas espérer que des hommes qui ont lutté quatre ans dans le silence et des jours entiers dans le fracas du ciel et des fusils, consentent à voir revenir les forces de la démission et de l’injustice sous quelque forme que ce soit. On ne peut pas s’attendre, eux qui sont les meilleurs, qu’ils acceptent à nouveau de faire ce qu’ont fait pendant vingt-cinq ans les meilleurs et les pures, et qui consistait à aimer en silence leur pays et à mépriser en silence ses chefs. Le Paris qui se bat ce soir veut commander demain. Non pour le pouvoir, mais pour la justice, non pour la politique, mais pour la morale, non pour la domination de leur pays, mais pour sa grandeur.
Notre conviction n’est pas que cela se fera, mais que cela se fait aujourd’hui, dans la souffrance et l’obstination du combat.
Et c’est pourquoi, par-dessus les hommes, malgré le sang et la colère, ces morts irremplaçables, ces blessures injustes et ces balles aveugles, ce ne sont pas des paroles de regret, mais ce sont des mots d’espoir, d’un terrible espoir d’hommes isolés avec leur destin, qu’il faut prononcer.
Cet énorme Paris, noir et chaud, avec ses deux orages dans le ciel et dans les rues, nous paraît, pour finir, plus illuminé que cette Ville Lumière que nous enviait le monde entier. Il éclate de tous les feux de l’espérance et de la douleur, il a la flamme du courage lucide, et tout l’éclat, non seulement de la libération, mais de la liberté prochaine.
Albert Camus.
Combat, 24 août 1944.

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